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Homélie

Homélie : 12ème dimanche ordinaire

Homélie pour le 21 juin 2020

12ème Dimanche ordinaire

 

 

 

Ce passage d’Evangile fait partie du discours missionnaire de Jésus dans l’évangile de Matthieu. Jésus vient d’appeler les douze et de leur donner mission de proclamer le Royaume de Dieu. Il sait que les apôtres rencontreront des obstacles, que rien ne sera facile. Bien plus, il y aura des persécutions. Jésus lui-même va les subir comme la plupart des prophètes, comme le prophète Jérémie dont nous avons eu l’écho des inquiétudes dans la première lecture : « J’entends les calomnies de la foule : Dénoncez-le ! Allons le dénoncer… Tous mes amis guettent mes faux pas… ».  Cependant, Jésus invite ses disciples à persévérer, à ne pas abandonner le témoignage malgré les dangers que cela représente. Il leur demande d’annoncer ouvertement et sans crainte la Bonne nouvelle du Royaume : « Ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits… Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ».

Jésus demande donc de témoigner de lui et du Royaume en pleine lumière. Mais qu’est-ce que cela signifie « Proclamer le Royaume de Dieu ouvertement, en plein lumière » ?

 

Cela veut dire d’abord ne plus appartenir aux ténèbres, à ce qui s’oppose à la grâce de Dieu. Pour annoncer le Royaume, il faut vivre dans la lumière du Christ. Hélas, l’esprit du mensonge et du mal est toujours plus ou moins tapis à la porte des disciples du Christ. Il rôde partout et les tentations sont fortes de s’écarter des chemins du Seigneur. Dans la première lecture, à propos de l’opposition envers Jérémie, il est question de séduction. Pas de meilleur moyen pour éliminer un prophète gênant qui dénonce les injustices que de chercher à le dévoyer lui-même, à le séduire, par exemple par les attraits du pouvoir, de l’argent ou bien des idées à la mode mais erronées. Il faut l’acheter, acheter son silence, le compromettre.

Les disciples du Christ doivent toujours lutter contre le dévoiement. Ils doivent se méfier des attraits mensongers. Il s’agit d’être au clair et de refuser en bloc toute compromission avec le mal, avec l’injustice envers les faibles et les pauvres, avec les manœuvres obscures. Et bien sûr, cela n’est pas sans danger pour celui qui veut rester dans la lumière. Les ténèbres n’aiment pas la lumière, mais la lumière est plus forte que les ténèbres ! Dans son histoire, l’Eglise n’a pas toujours était au clair avec les cercles du pouvoir, de la pensée commune et de l’argent, au détriment de l’annonce authentique de l’Evangile. Oui, proclamer ouvertement le Royaume, c’est refuser toute compromission avec les ténèbres et faire confiance au Père.

 

Proclamer ouvertement le Royaume, cela signifie aussi vivre de la Bonne Nouvelle du Ressuscité, porter sur soi et autour de soi la joie de l’Evangile. Autrefois, avant la venue du Christ, le dessein de Dieu demeurait en partie caché. L’humanité avançait en aveugle. Elle ne trouvait pas en elle-même le sens de l’existence. Le cours de l’histoire a basculé au matin de Pâques. En Jésus ressuscité, Dieu a ouvert des chemins nouveaux. Il a montré sa victoire sur la mort, sur le mal et le non-sens. Il a révélé sa puissance d’amour et de pardon.

C’est cela qui doit se voir dans la vie des disciples de Jésus Christ. On connaît la réflexion de Nietzsche : il disait qu’il croirait en Dieu, le jour où les chrétiens auront des têtes de ressuscités. Nous n’avons pas à cacher notre joie, notre espérance et notre vie de disciple du Christ. A défaut d’éliminer totalement le christianisme et sous prétexte de laïcité, de fausse laïcité, certains voudraient voir les chrétiens enfermés dans les églises, confis en dévotion privée, hors de l’espace public. C’est en quelque sorte les nouvelles formes de persécutions, plus cachées mais peut être plus dures à subir. En tout cas, Jésus nous encourage à sortir pour témoigner, à ne pas cacher la lumière du Ressuscité : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits ». Jésus est vainqueur des ténèbres. Il nous invite à lui faire confiance et à témoigner ouvertement du Royaume.

 

Bien sûr, cela ne peut pas être vécu avec arrogance mais dans l’humilité, dans la vérité de ce que nous sommes nous-mêmes, les chrétiens : des pardonnés, des sauvés ! C’est aussi cela que nous devons annoncer ouvertement, dans la lumière le Royaume. On ne peut pas se contenter de paraître, de donner l’impression d’être habités par l’Esprit de l’Evangile. La joie superficielle ne tient pas. Nous devons témoigner d’un amour qui nous a touché nous-mêmes et qui a transformé nos cœurs et nos vies. Ce qui apparaitra lors du jugement au Ciel, ce sera l’authenticité de notre conversion.

Le meilleur témoignage que nous puissions apporter, c’est celui de notre engagement pour faire rayonner la miséricorde du Seigneur autour de nous. Il faut être concret et agir. Cela demande un vrai travail de notre part : travail de réflexion pour approfondir notre foi et les implications qu’elle doit avoir sur notre manière de penser l’homme et son avenir, travail pour se mettre au service de tous et spécialement des plus démunis, travail pour nous convertir nous-mêmes de nos propres défauts et les transformer en élan vers Dieu et en accueil de sa grâce. C’est un effort qui nous est demandé, au prix parfois d’une véritable lutte sur nous-mêmes et avec notre entourage. Mais cet effort témoigne de la vérité de l’Evangile. Il fait passer la lumière du Royaume.  Au fond, c’est cela aussi proclamer le Royaume de Dieu ouvertement, en plein lumière.

 

Alors oui, n’ayons pas peur. Ne craignons ni les hommes ni l’adversité. Faisons confiance au Seigneur qui veille sur nous comme un Père sur chacun de ses enfants. Laissons transparaître la lumière du Ressuscité. Amen.