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Paroisse St Etienne de GrandmontActualitésHomélie du père Bruno Guicheteau

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Homélie du père Bruno Guicheteau

Ascension

 

Homélie pour l'Ascension

 

 

Le fait que Jésus quitte ses disciples et monte au Ciel ne constitue pas un abandon. Jésus n’abandonne pas ses disciples. Il ne nous abandonne pas. Il ne fuit pas notre monde qu’il aime. Un jour, quelqu’un disait, sous forme d’humour : « Pas étonnant que Jésus monte au Ciel ! C’est tellement le désordre sur la terre… » Non, Jésus n’a pas d’aversion pour la terre, pour ce qui se passe chez nous et pour les hommes. Sinon, il ne se serait pas incarné et il n’aurait pas partagé notre existence avec ses joies mais aussi ses soucis. Alors, pourquoi, après la résurrection, Jésus quitte ses disciples et monte au Ciel ? Pourquoi l’Ascension ?

 

D’abord pour nous précéder auprès du Père. Jésus vient du Père et retourne auprès du Père. A Marie-Madeleine, le jour où, ressuscité, il lui apparaît, il dit : « Ne me retiens pas. Je dois aller vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Jésus n’est pas venu de lui-même auprès des hommes. Il a été envoyé par le Père. Il n’a pas agi seul non plus. Il a agi au nom du Père et pour lui rendre gloire. Dans l’évangile de saint Jean, il dit : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’Homme - c’est de lui dont il s’agit -, alors vous saurez que moi, je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que le Père m’a enseigné. Et celui qui m’a envoyé est avec moi » (Jean 8,28-29).

La mission de Jésus et sa communion avec les hommes prennent tout leur sens dans sa communion avec le Père. Jésus, Fils de Dieu, vit par le Père. Et, à sa suite, tous les hommes, ses frères, sont appelés à se rassembler auprès du Père.

On parle un peu plus de fraternité en ce moment, pas seulement parce que le pape François a écrit une encyclique à ce sujet, mais parce que - et c’est la raison de l’encyclique d’ailleurs -, le défis de la fraternité est des plus urgents et qu’il est loin d’être gagné. L’actualité nous le montre tous les jours. L’engagement pour la fraternité est social, politique, humain. Il nécessite tout un processus de dialogue, de compréhension mutuelle et de solidarité entre les hommes, à tous les niveaux de la société. Il réclame aussi une lutte contre la pauvreté. Le défis de la fraternité s’étend à notre relation à notre sœur la nature que nous sommes invités à mieux respecter. Mais en réalité, cette fraternité entre les hommes et avec tout l’univers, a son fondement ultime dans notre relation à Dieu, au Père. Tout vient du Père. Tout est rattaché à Lui et trouve son sens et sa réalisation auprès de Lui. Saint Paul écrit que l’histoire du monde et des hommes sera accomplie lorsque tout sera remis par le Christ dans les mains du Père (cf. 1 Cor 15,24ss).

Donc, l’Ascension de Jésus constitue les prémisses de cet accomplissement. Elle nous montre le but ultime de notre vie et de ce à quoi nous devons aspirer. Nous venons de Dieu et nous retournons à Dieu. Nos efforts pour une vie meilleure sur la terre trouvent leur sens et leur véritable élan dans notre aspiration à connaître le Père, à le rencontrer et à nous laisser éclairer par Lui. C’est pour cela, d’ailleurs, que notre prière du Notre Père est si importante. C’est la prière chrétienne par excellence. Elle doit inspirer toute notre vie. Il faut que nous la disions chaque jour avec sérieux et du plus profond de notre cœur.

 

Il y a une deuxième raison pour laquelle Jésus monte au Ciel : c’est pour laisser place à notre responsabilité afin que nous continuions son œuvre. La construction du Royaume n’est pas que l’affaire de Dieu, de Jésus. Elle est aussi notre affaire, avec l’aide de Dieu, de sa grâce. Avant de les quitter, Jésus donne mission à ses disciples : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’évangile à toutes les nations. » Dieu veut que nous nous engagions dans le combat pour la justice et la vérité, ainsi que dans le témoignage de la foi, comme l’a fait Jésus, à la suite de Jésus, avec l’aide de l’Esprit Saint. Nous sommes le corps du Christ qui continue sur la terre l’œuvre du Christ. Et Jésus nous a dit que nous ferions des choses plus grandes que lui avec l’aide de l’Esprit Saint.

Jésus ne nous abandonne pas. Il est avec nous, mais désormais d’une façon nouvelle, à travers le don du Saint Esprit qui nous pousse à continuer son action de salut, de bonté, de miséricorde. Nous sommes tous engagés dans cette mission, selon des charismes et des ministères divers. Entre parenthèse, dans un nouveau texte, le Saint Père vient de mettre en valeur le ministère de catéchiste. Il encourage la vocation et la bénédiction de catéchistes dans les paroisses. Mais, ce service n’est pas réservé à des spécialistes. Nous devons tous nous sentir responsables de la transmission de la foi, dans le cadre de la famille d’abord, dans des cercles plus larges aussi, si possible, dans les cercles d’amis par exemple, et peut être au travail par le témoignage de la prière et de la compassion.

 

Ainsi, frères et sœurs, Jésus monté au Ciel nous montre l’avenir qui est le nôtre. La communion avec Dieu accomplit notre histoire humaine. Cherchons à approfondir cette communion et à en être les témoins avec la force de l’Esprit Saint que Jésus ressuscité nous communique. Amen.