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Paroisse St Etienne de GrandmontActualitésHomélie du père Bruno Guicheteau

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Homélie du père Bruno Guicheteau

Frères et sœurs,

Au cours d’une des apparitions à ses disciples, Jésus ressuscité souffle sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ». Le souffle, c’est la vie. Manquer de souffle, comme l’a montré les effets de la COVID 19, c’est pénible, c’est risquer de mourir. Ce que Jésus insuffle est vital. Il donne l’Esprit Saint. Prenons quelques instants auprès de Jésus et laissons-nous caresser par la brise légère qu’il nous envoie.

 

Le souffle de Jésus, c’est d’abord celui de la résurrection. Jésus est ressuscité et il nous destine à ressusciter avec lui. Mais, au cours de notre vie sur la terre, nous faisons déjà l’expérience de la résurrection à chaque fois que nous prenons un nouveau départ après un moment difficile, incertain. Nous ne sommes pas enfermés dans nos périodes de sécheresse, et encore moins dans nos péchés.

Le Père nous redit sans cesse : « Tu as du prix à mes yeux », surtout quand il nous semble que nous ne valons plus grand-chose à nos propres yeux et à ceux des autres. Le prix que nous valons aux yeux de Dieu est celui du sacrifice consenti par son Fils sur la croix. Ce prix est infini. Alors, tout est possible avec cet amour sans limite qui nous est offert. Toujours, il est possible de vivre un nouvel essor, un nouveau départ, après une période de doute, d’infidélité, de repliement. Le souffle que Jésus ressuscité nous offre est celui d’une vie renouvelée de fond en comble, une vie ouverte sur l’infini, promise à l’éternité, dans la communion avec Dieu et avec nos frères et sœurs humains.

 

Le souffle de Jésus sur ses disciples, c’est aussi celui de la paix. Deux fois lors de son apparition à ses amis, Jésus ressuscité leur dit : « La paix soit avec vous ! » Et il renouvelle ce don à Thomas huit jours plus tard. Les disciples avaient de quoi être déstabilisés au moment des apparitions de Jésus, après le spectacle de la condamnation du maître auquel ils ont assisté. Les autorités religieuses menacent les apôtres comme ils ont menacé le maître. Mais Jésus leur dit de ne pas les craindre et il leur fait le don de la paix.

La paix que le Seigneur donne n’est pas celle d’une vie tranquille, à l’abri des défis et des attaques du monde et de l’esprit mondain. Elle ne nous place pas en dehors de l’existence humaine qui, qu’on le veuille ou non, est toujours en équilibre fragile. Jésus envoie ses disciples comme témoins parmi les hommes. Il leur dit : « La paix soit avec vous. De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Pour vivre dans le monde et donner le témoignage de notre foi, Jésus donne la paix intérieure, c’est-à-dire l’assurance d’être aidé par Dieu dans les moments difficiles. Dieu a montré sa fidélité, notamment avec Israël durant toute son histoire. Il n’est pas changeant comme les hommes. Toujours il inspire, éclaire, sauve, aide. On peut s’appuyer sur lui et être à son tour, dans le souffle de l’Esprit, artisan de paix et de confiance pour les personnes que l’on croise.

 

Enfin, le souffle que Jésus offre à ses amis est celui de la miséricorde. Dieu fait miséricorde. Le saint pape Jean-Paul II a fait de ce 2ème Dimanche de Pâques, le Dimanche de la miséricorde. On le voit dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus est plein de miséricorde envers Thomas. Celui-ci demande des preuves de la résurrection, et Jésus lui en fournit. Jésus sait que notre foi s’appuie sur des signes, des faits tangibles, des évènements, une histoire. Nous ne sommes pas des extraterrestres. Jésus lui-même s’est fait histoire. Il a montré des signes concrets du Royaume de Dieu qu’il est venu instaurer, notamment à travers des guérisons, des miracles. Mais nous devons aller au-delà des signes donnés. Nous devons mettre notre confiance, non pas dans les signes, mais dans celui qui les donne, dans la personne de Jésus et en Dieu qu’il représente. C’est d’ailleurs ce que fait Thomas. Après avoir vu Jésus ressuscité et les traces des plaies sur lui, il s’exclame : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Il fait une déclaration d’amour envers le Seigneur, non un bilan physique et médical.

Avec Jésus ressuscité, c’est donc la miséricorde qui souffle sur les disciples. Jésus fait miséricorde, à Thomas, mais aussi aux autres disciples et à chacun de nous. L’amour de miséricorde prend en compte les besoins et les fragilités humaines, les situations concrètes des hommes. C’est un amour incarné, qui ne se paye pas de mots. Il est engagé sur le front des misères, quelles qu’elles soient, matérielles et spirituelles. C’est ce que nous sommes invités à vivre, dans le souffle que Jésus nous communique. A notre tour, à la suite de Jésus, nous devons être témoins concrètement de la bonté de Dieu auprès de nos contemporains. Parmi les œuvres de miséricorde, n’oublions pas celles qui concernent la vie spirituelle : porter l’espérance là où on ne voit plus d’horizon à la vie humaine, rétablir la vérité là où il y a l’erreur et le mensonge, faire preuve de patiente avec les personnes pénibles qui nous dérangent, apporter le pardon là où il y a les blessures et l’offense.

 

Le souffle de Jésus ressuscité a été donné lors de la veillée pascale à Pascaline et Manon, les deux adultes catéchumènes de notre paroisse, maintenant néophytes. Il sera donné bientôt dans le sacrement de confirmation aux jeunes de 3ème et à Duarte. Nous l’avons reçu, chacune et chacun, lors de notre baptême et confirmation. Vivons de ce souffle de vie, de paix et de miséricorde. Transmettons-le autour de nous. Soyons les témoins de Jésus ressuscité, source d’espérance pour tous les hommes. Amen.