Homélie du père Gérard Colaisseau

Homélie du 4ème Dimanche de Carême

Dans l’histoire du peuple d’Israël, l’Exil à Babylone a été une étape très importante. 600 ans avant Jésus Christ, environ un siècle après la partie Nord, le sud du pays, autour de Jérusalem, est lui aussi conquis et dévasté. La population, pour une grande part est déportée dans l’Iraq d’aujourd’hui. Ce fut d’abord une profonde souffrance. Le psaume de ce dimanche exprime bien la tristesse des exilés, la nostalgie du pays perdu, la rancœur face à leurs nouveaux maîtres. Environ 70 ans plus tard, Cyrus, le roi de Perse, les autorise à repartir sur leur terre. La joie renaît aussitôt, même si le retour fut l’objet de bien des difficultés. Mais ce long séjour à l’étranger ne fut pas une simple parenthèse vite refermée. Il provoqua de profondes réflexions parmi les israélites : sur les raisons de cette catastrophe, sur la manière dont Dieu reste proche d’eux quand il n’y a plus de temple ni de prêtres ni de sacrifices, sur ce qu’il y a d’enrichissant chez ces étrangers avec leur culture et leurs savoirs, etc …

L’Évangile de ce dimanche nous invite à considérer que, si nous sommes nous aussi dans une situation difficile, douloureuse, il faut cependant garder confiance. Le Christ est venu nous sauver, nous conduire vers une vie nouvelle. Attention ! Ne réduisons pas les choses à notre petite échelle. La vie nouvelle avec le Christ, que nous allons fêter à Pâques, n’est pas simplement une vie sans Covid. Comme pour les juifs jadis, les circonstances dans lesquelles nous sommes nous provoquent à réfléchir, à bien repérer ce qui ne va pas sur notre terre, à voir les fausses pistes sur lesquelles on peut facilement s’égarer, à mieux trier entre l’essentiel et le superflu, à redécouvrir avec des yeux neufs notre Dieu.

Pendant la 2ème moitié du Carême, seuls ou avec quelques autres, réfléchissons, prions, modifions notre organisation. Alors Pâques sera un tournant dans notre histoire, un renouveau, une renaissance. Remercions dès maintenant le Seigneur de nous bousculer ainsi et de nous faire voir des chemins de bonheur que nous n’avons pas encore beaucoup empruntés.

Rendons-lui grâce pour sa miséricorde qui ne se décourage jamais.

Enrichissons-nous de tout ce que le moment présent nous fait comprendre.   Amen.

                                                                                                                                              G. Colaisseau