Homélie du père Gérard Colaisseau

Homélie du 5ème Dimanche de Carême

« Nous voudrions voir Jésus » disaient, à l’apôtre Philippe, des grecs en pèlerinage à Jérusalem. Nous aussi, nous aimerions bien voir Jésus, le connaître mieux, savoir comment il était, découvrir en direct ce qu’il disait, ce qu’il faisait. Mais dans l’Évangile que je viens de lire, avec eux on s’aperçoit que Jésus ne joue pas les vedettes. Il n’est pas venu se faire admirer, mais nous guider pour vivre en alliance avec Dieu.

Quand on apprend à conduire en auto-école, il n’est pas question de contempler le moniteur ou la monitrice, mais de suivre ses conseils et de regarder la route, pour arriver à bien se débrouiller au volant. Dans la vie chrétienne c’est pareil. Si on reste à contempler Jésus sans bouger, ça ne suffira pas. Il est venu nous apprendre à aimer comme lui, à aimer comme Dieu. C’est à la fois merveilleux et difficile. Jésus expliquait ce jour-là qu’il faut, par moment, mourir pour vivre, lâcher tout ce qui nous freine et nous retient, afin d’être totalement disponible à Dieu et aux autres. Jésus ne s’est pas contenté d’en parler, il l’a fait. Il a finalement accepté de donner sa vie sur la croix, parce qu’il dérangeait les habitudes.

Nous, on rêve souvent d’aimer sans problème, juste avec un grand élan du cœur qui ferait disparaître toutes difficultés. Mais dans la réalité, il y a toujours, en nous et chez les autres, mille obstacles à surmonter. Il faut réfléchir, se dominer, faire des efforts, il faut laisser de côté bien des choses et donner le meilleur de soi-même.

Ce 5ème dimanche du Carême est, tous les ans en France, le jour de l’appel du CCFD-Terre Solidaire (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement). Ce n’est pas une simple invitation à la générosité de plus. C’est le rappel que notre vie avec Dieu, notre vie de baptisés, est une vie de partage à l’infini. On commence dès maintenant et ça ne s’arrêtera plus, car c’est ainsi - seulement ainsi - qu’on tisse des liens forts et qu’on trouve une joie sans fin.    Amen.

                                                                                                                                              G. Colaisseau