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Paroisse St Etienne de GrandmontActualitésObsèques de Max Jordan - Homélie du père Bruno

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Obsèques de Max Jordan - Homélie du père Bruno

Obsèques de Max Jordan

Homélie du Père Bruno pour les obsèques de Max Jordan

 

Max a choisi les textes de cette liturgie. Il a voulu que nous entendions cette expression de la miséricorde du Seigneur : « Telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés. (…) Que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle. » Cette parole fait écho, par exemple, à la parabole de la brebis perdue. Dans cette parabole, Jésus nous dit que le bon berger est attentif à chacune de ses brebis et que, s’il y en a une, ne serait-ce qu’une, qui s’est égarée, il est prêt à laisser un moment les autres pour aller la chercher. Il va très loin s’il le faut. Il tient à toutes ses brebis. Il ne veut en perdre aucune.

Si Max a été sensible à cette parole, c’est probablement parce que lui-même a fait l’expérience de la miséricorde du Seigneur. Ceci nous a été dit tout à l’heure. Max a connu une période de flottement dans sa foi durant sa jeunesse et jusqu’à sa rencontre avec Linette. Il le disait et c’était l’occasion pour lui de témoigner de la bonté du Seigneur et de sa volonté de sauver tous ses enfants. C’est grâce à Linette, à son témoignage de foi, à sa douceur et à sa persévérance dans la prière pour son mari que Max a réouvert peu à peu son cœur au message de l’Evangile. Il y a eu aussi quelques autres rencontres providentielles, notamment à l’ACO et au renouveau charismatique. A travers ces rencontres et ces expériences, Max a goûté quelque chose de nouveau dans cette foi retrouvée. Il a perçu la joie de la foi, la joie de la louange. Il a reçu la force d’un sens plus profond donné à la vie, grâce à la révélation d’un Dieu qui ouvre l’horizon d’un amour sans condition.  Pour lui, toutes ces découvertes providentielles ont été le signe de la bonté du Seigneur et de l’attention du bon berger qui n’oublie pas la brebis éloignée et trouve les moyens de l’éclairer à nouveau et de la fortifier.

Ensuite, Max a voulu partager cette découverte. Il a voulu être le témoin de la miséricorde de Dieu, un Dieu qui va au large, qui s’intéresse à toutes les brebis, qui est curieux de la vie des hommes dans sa grande diversité. Ceci ne s’est pas manifesté d’abord dans un partage de foi mais dans l’attention portée à la richesse et à la beauté de la vie humaine. Dans sa vie professionnelle, notamment à SKF, il a été au contact d’un mode très divers. Il a aimé son métier. Il était relationnel et engagé. Comme membre d’un syndicat, il a été attentif aux conditions de travail dans son usine et plus largement à la vie et au bien être de ses collègues. Il aimait découvrir, apprendre. Il était curieux des autres, bosseur, chaleureux. On peut dire que la vie, dans sa grande diversité humaine et matérielle, l’a intéressé. C’était déjà, de sa part, auprès de ses collègues et des personnes qu’il a rencontrées, le témoignage d’un Dieu qui se réjouit de la vie des hommes qu’il a créé et qui veille à la qualité plus profonde de leur vie et de leur être.

Puis, au cours de son investissement dans l’entraide ouvrière, au centre d’accueil Albert Thomas, il a été au contact d’un monde plus fragile, à la vie sociale et matérielle précaire, un monde éloigné, pendant un moment au moins, de l’espérance d’une vie réellement épanouissante. Il a été guidé vers les blessés de la vie. Peu à peu, il s’est découvert une prédilection pour ces blessés de la vie. Les personnes abîmées, égarées ont des trésors cachés en elles. Mais, on leur a fait du mal ou elles se sont faites du mal à un moment. Elles ne savent plus très bien où elles en sont et ont besoin d’aide. Elles crient leurs détresses et leurs recherches. On peut dire que Max est allé au large pour écouter ces personnes et pour dialoguer avec elles. Il s’est rendu sensible à leurs joies et à leurs peines, lui-même étant profondément touché, avec Linette, par le malheur du décès de leurs deux aînés dans un accident. Il a voulu être témoin de l’Espérance auprès de ceux qui n’ont plus beaucoup d’espérance. Il a manifesté l’attention et la tendresse du Seigneur envers ses enfants plus fragiles et abîmées.

Comme diacre, il a continué à vivre de façon large et profonde son témoignage rendu à la miséricorde du Seigneur. Monseigneur Honoré lui avait confié d’être présent, un moment, au monde de la rue pour écouter et réconforter. Puis, sur la paroisse de Chambray-les-Tours et sur le doyenné Tours-sud, il a célébré d’innombrables baptêmes, il a aidé de nombreux fiancés à se préparer au mariage, il a présidé beaucoup de sépultures, tout cela avec un grand sens de l’écoute et de l’accompagnement. Et on sait que toute cette pastorale sacramentelle fait rencontrer en réalité un monde très divers, plus ou moins assuré dans sa foi, un monde où se vit de belles réalités humaines, un monde aussi en attente, en besoin de sens donné à la vie et d’ouverture sur un horizon plus large que celui offert par notre vie d’ici-bas limitée.

Oui donc, Max a été témoin d’un Dieu qui, dans son amour, veut embrasser largement l’humanité, l’éclairer, l’aider, la grandir et communier avec elle. Avec le témoignage de Max, nous pouvons redire : Dieu ne veut perdre aucun de ses enfants, quel qu’il soit. Il y a toujours une force en nous qui nous pousse vers la recherche du bonheur et vers le Créateur. Il est bon de la laisser jaillir. Dieu toujours guérit, sauve, accueille, aime, donne vie, ressuscite. C’est ce que Max a prêché, au fond, bien des fois, par sa vie et par sa parole, sa parole donnée notamment ici à cet ambon. Et nous en rendons grâce parce que cela fut un beau témoignage de bonté et d’Espérance.

Aussi, que le Seigneur accomplisse maintenant, pleinement, pour notre frère, ce que celui-ci a commencé à goûter ici-bas, ce qu’il a espéré et partagé. Qu’il le comble de bonheur auprès de Linette, de ses enfants, de tous ceux qu’il retrouve dans le Ciel de Paix. Amen.

 

Père Bruno