Ordinations

De Jésus aux apôtres, des apôtres à Paul, de Paul à Timothée, de Timothée à d’autres… peu à peu ce geste devient le signe de consécration à une mission et ce geste se retrouve tout au long de notre vie : au moment du baptême, au moment de la confirmation, lors de la bénédiction des nouveaux époux, au moment du sacrement de l’Ordre et jusque dans la maladie.

Par l’imposition des mains, le Seigneur donne l’assurance de pouvoir accomplir la Mission qu’il confie à  son envoyé. Voici qu’aujourd’hui, par l’imposition des mains, Il vous assure du don de son Esprit Saint… Esprit de force, de sagesse, d’intelligence, de vérité, de fidélité, de persévérance… Esprit d’amour et de raison, nous dit Paul, mais ce don est fait en vue d’un service, d’un ministère particulier.

A travers des gestes tout simples un  acte de confiance immense est posé : voici que le Seigneur confie à des hommes fragiles la mission d’être témoins de son Amour et cela non seulement pour une ou deux années, mais pour  toute la durée de leur vie… et au même moment voici que des hommes mettent leur confiance en Dieu au point de lui remettre leur vie entière pour le service de son Evangile… Une double confiance : de Dieu en l’homme  et de l’homme en Dieu.  

«  Prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile, dit Paul à Timothée… » En entendant cette injonction de Paul,  la préface que l’on utilise à la Messe des saints martyrs m’est revenue à l’esprit … je veux la relire en partie avec vous car elle nous redit jusqu’où va notre vocation de baptisés, de diacres, de prêtres : « Nous reconnaissons un signe éclatant de ta grâce dans le martyre de diacres comme  Etienne, Laurent et tant d’autres, de prêtres ou évêques comme Polycarpe, Clément, Hippolyte, Cyprien…En donnant leur vie comme le Christ, ils ont glorifié ton Nom : c’est ta puissance qui se déploie dans la faiblesse quand tu donnes à des êtres fragiles de te rendre témoignage. »

Ce texte de la liturgie nous montre combien la grâce peut être puissante  lorsqu’elle est accueillie. Je ne souhaite à personne de se trouver dans une situation où il faudrait aller jusqu’au témoignage suprême dans le don sanglant de sa vie, mais nous ne devons pas oublier que nous sommes tous appelés à être des témoins de Jésus Christ.

Chacun est appelé à « réveiller en soi le don qu’il a reçu », chacun est appelé à en témoigner chaque jour et le témoignage ne peut que s’enraciner dans la foi… Chers amis, comme les disciples, il vous faut vivre de la foi, comme eux vous devez demander au Seigneur d’augmenter votre Foi mais pour être vraie, celle-ci doit s’inscrire en vos actes. Paul ira jusqu’à dire dans sa 1re lettre aux Corinthiens « quand j’aurais une foi à transporter les montagnes, si je n’ai pas la charité cela ne me sert de rien » (1co, 13, 2).

Frères votre engagement s’enracine dans votre foi, mais il n’aura de sens que s’il s’épanouit dans une charité véritable, une charité active et rayonnante. La foi consiste à faire humblement confiance en Dieu, à entrer dans une réciprocité d’amour gratuite : faites confiance à ce Dieu qui vous fait confiance… accueillez cette minuscule graine de sénevé, le Christ nous dit qu’elle fructifiera…

Votre engagement vous le faites dans le cadre d’un diocèse… c’est dans un territoire donné que vous vous engagez à servir la mission… La vocation de prêtre diocésain n’est nullement une vocation au rabais, bien au contraire… Il y a un parallèle que je risque entre la vie monastique et le prêtre diocésain… Le prêtre diocésain comme le moine s’engage à une certaine forme de stabilité : l’un et l’autre servent une communauté donnée avec des frères dont ils partagent le souci d’annoncer l’Evangile… des frères qui comme eux ont accepté de vivre cet enracinement dans un terroir donné… Dans un monde où tant de choses bougent… L’engagement du prêtre diocésain est un beau signe de fidélité… et d’amour.

En rappelant cela, je ne veux nullement rabaisser d’autres modalités de service dans notre Eglise comme prêtre, mais je veux redire que la vocation de prêtre diocésain n’est pas une vocation par défaut, mais un engagement exigeant et fécond.

Frères, avant que je vous impose les mains, voici que nous allons chanter ce que nous appelons la litanie des Saints, ce chant qui pourrait paraître monotone à certains est une richesse de notre vie en Eglise. Cette longue invocation nous fait prendre conscience que nous appartenons à un Peuple immense de serviteurs de Dieu... Il y a les Saints de l’antique Eglise, il y a ceux des temps modernes… il y a les saints illustres comme saint Martin et d’autres plus méconnus mais qui ont marqué leur temps ou leur région.  Les saints ont en quelque sorte incarné quelque chose de la Sainteté de Dieu même et c'est dans cette lignée que nous voulons inscrire nos vies…

Permettez moi de m’adresser aux  plus jeunes : il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour eux qu’on aime nous dit Jésus, il y a plus de joie à donner qu’à recevoir nous dit-il encore. Sachez accueillir la question qui se pose à chacun… que veux-tu faire de ta vie ?  La réponse que nos deux frères donnent aujourd’hui n’est ni présomption, ni inconscience… elle est tout simplement confiance…

Pierre, Alexandre, n’ayez pas peur, Il est fidèle celui qui vous appelle, si vous accueillez sa fidélité… soyez-en sûrs, il vous introduira dans sa sainteté.

Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours

A savoir :

A l'issue de la célébration, Mgr Aubertin a annoncé que Pierre Fouquier sera vicaire de la paroisse St Marc de Joué-lès-Tours (et non pas de la paroisse St-Sauveur, à Tours Nord comme indiqué précédemment par erreur), à la rentrée, et qu'Alexandre Brouillet poursuivra ses études au séminaire. Il vient d'y terminer sa cinquième année.

A noter :

L'intégralité de l'homélie sera également publiée dans le journal diocésain du mois de septembre.