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Paroisse St Etienne de GrandmontActualitésHomélie du père Bruno Guicheteau

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Homélie du père Bruno Guicheteau

Attente de Noël

Homélie pour le 29 novembre 2020

1er Dimanche de l’Avent, année B

L’attente joyeuse de Noël

 

Frères et sœurs,

Vous le savez, le temps de l’Avent met en valeur l’expérience de l’attente. A travers la préparation de Noël, nous revivons chaque année l’attente du Seigneur. Il est venu il y a 2000 ans pour établir son règne. Ce règne se fraye un chemin à travers notre histoire, mais encore de façon laborieuse et incertaine. Le moment viendra où le Christ Jésus viendra dans sa gloire et où la paix et la communion avec Dieu et avec les hommes seront définitives. Oui, nous sommes dans l’attente de ce jour de Dieu, de ce jour sans fin.

Actuellement, le monde est dans l’attente : pas tellement du Sauveur Jésus Christ, mais au moins d’un vaccin, d’une sortie du confinement, d’une politique qui règle les problèmes !... La réalité de l’attente fait partie de notre condition humaine. Tout homme, toute femme, la vit à des degrés divers : attente d’un travail ou d’une réussite à l’examen, attente du médecin et d’une meilleure santé, attente de réconciliation et d’une vraie amitié, attente du mariage ou attente d’un bébé, attente d’une vie en société plus juste, etc. Cette réalité traverse l’ensemble de notre existence et crée en nous, il faut bien le dire, des réactions et des sentiments divers : angoisse ou bien excitation, joie ou interrogation, dynamisme ou encore abattement. L’expérience de l’attente est riche et complexe. Elle peut être positive ou au contraire pénible.

Il est bon de s’interroger sur la façon dont nous vivons nos attentes, terrestres et spirituelles. Comment attendons-nous le Seigneur ? De quelle façon dirigeons-nous notre cœur vers le règne de Dieu qui vient ? Comment préparons-nous Noël ?

 

Mais d’abord, posons-nous la question : attendons-nous le Sauveur ? Attendons-nous un monde meilleur ? Nous-mêmes chrétiens, reconnaissons que nous ne sommes pas toujours dans une attitude d’attente spirituelle. Si ! Nous attendons comme tout le monde notre salaire du mois, notre rendez-vous chez le médecin, l’intervention du couvreur ou du mécanicien ! Plus profondément sans doute, nous attendons plus de justice dans notre société très matérialisée, plus de valeurs morales, plus de partage. Mais attendons-nous le Sauveur et Seigneur Jésus-Christ ? Attendons-nous la rencontre avec Dieu, avec notre créateur et Père ?

Souvent, j’entends dire : « Oui, mais le plus tard possible ! », sans doute par peur du passage et d’un certain détachement à vivre. Est-ce bien respectueux de l’Amour et de la tendresse incommensurable que Dieu nous réserve ? Est-ce bien conforme tout simplement à notre foi ? Car, nous le croyons, notre cœur est à la dimension de Dieu et de sa vie. Saint Augustin avait cette parole merveilleuse : « Tu nous a fait pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ».

Avec la rencontre du Seigneur, nous espérons le salut, c’est-à-dire une transformation de notre humanité. Nous espérons la paix, la réconciliation, l’Amour véritable, qui sont en construction déjà, en ce monde, par sa grâce, mais pas totalement acquis. Dieu-avec-nous vient faire toute chose nouvelle, nous le croyons. Mais est-ce que nous attendons cela, vraiment ? Ou bien, sommes-nous dans le doute, résignés, fatigués des problèmes récurrents de notre humanité ? N’y-a-t-il rien de bon à attendre en ce monde ci ? Sommes-nous dans l’attente du règne de Jésus-Christ en ce temps-ci et dans l’au-delà ? Le désir de rencontrer Dieu doit nous pousser à espérer la transformation de notre humanité selon sa grâce.

 

Nous devons regarder encore une autre manière d’attendre, elle aussi pas très juste. C’est celle de l’impatience et d’un manque de sens des responsabilités. Vous savez, c’est lorsqu’on entend ce genre de formule : « Qu’est-ce que le Seigneur attend pour venir ? » Sous-entendu : si ça va mal, c’est sa faute. C’est lui le responsable. Ou bien sous forme d’impatience : « Le Royaume de Dieu : c’est pour quand ?! » On voudrait savoir exactement quand il viendra. Curiosité malsaine. Notons que pour les affaires du monde, nous avons les mêmes exigences et la même impatience injustes, et cela envers les responsables de la cité, les collègues, nos proches, etc. Comme si tout dépendait des autres et rien de nous.

Dans l’évangile, Jésus nous prévient : nous ne saurons pas l’heure où le Fils de l’homme viendra. Son royaume surgira à l’improviste. Mais il dit aussi qu’il nous faut être des serviteurs vigilants, qui tenons notre rôle à plein en ce monde, dans l’attente joyeuse et confiante du maître qui va venir. Vivons-nous l’attente du Royaume de Dieu de manière active, participative ? La grâce du règne de Dieu ne dépend pas de nous ; mais nous devons nous y disposer. Dieu nous tient pour responsables, à notre niveau. C’est la dignité de notre liberté, de notre intelligence et de notre volonté que nous savons si bien revendiquer, par ailleurs...

Aussi, regardons ce que, déjà, Dieu nous a donné. En Jésus-Christ, il nous a tout donné. Sachons prier, rendre grâce pour ce que Dieu nous a donné, non pas pour nous dédouaner de toute action et de toute conversion, mais pour mieux participer à l’œuvre du Seigneur qui est en train de s’accomplir. Il est important de louer Dieu. Il est bon de le contempler, même si c’est à travers le voile de la foi, non seulement pour admirer ce qui doit advenir plus tard mais aussi pour en tirer les conséquences sur ce que nous devons faire, aujourd’hui.

 

Dieu vient à notre rencontre. Nous allons nous aussi vers lui. Sachons préparer cette rencontre joyeusement et activement, avec confiance. Le Seigneur vient et il fera toute chose nouvelle, comme il l’a promis. Amen.