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Paroisse St Etienne de GrandmontActualitésHomélie du père Bruno Guicheteau

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Homélie du père Bruno Guicheteau

Pentecôte

 

Homélie pour Pentecôte

 

La Pentecôte marque une étape nouvelle et décisive pour l’humanité. Elle se situe dans le prolongement de Pâques et de l’Ascension qui marquent aussi des étapes nouvelles et essentielles dans l’histoire de l’humanité. A Pâques, en Jésus ressuscité, la mort est vaincue. L’humanité n’est plus enfermée dans la mort mais ouverte à la vie nouvelle en Dieu. A l’Ascension, le retour au Père est amorcé. L’humanité, en Jésus, retrouve la pleine communion avec le Père éternel. A la Pentecôte, grâce au don de l’Esprit Saint, les premiers disciples se font comprendre dans toutes les langues. La division des langues qui s’est produite à Babel est supprimée. Enfin les hommes se comprennent, dans la diversité de leurs origines. La réunion de toutes choses est rendue possible. Ainsi, à travers tous ces évènements, Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, façonne une humanité nouvelle, belle et définitive.

Que s’est-il passé le jour de la Pentecôte ? Le jour où l’Esprit Saint est descendu sur les apôtres était aussi le jour d’une grande fête pour les juifs, celle qui commémore le don de la loi à Moïse sur le mont Sinaï. Aussi, il n’était pas étonnant de trouver en ce jour, à Jérusalem, des gens de contrées très diverses. La diaspora juive dispersée sur le pourtour méditerranéen ainsi qu’au Moyen Orient, s’est rassemblé dans le haut lieu spirituel israélite, le temple de Jérusalem. Tout le monde ne parlait pas l’araméen ni le grec, même si on se comprenait pour les affaires courantes. Et voilà que les apôtres, qui parlaient presque exclusivement araméen, se firent comprendre de la foule, Parthes, Mèdes, Elamites, Egyptiens, Romains… La liste des divers peuples et dialectes est longue !

On a interprété ce miracle comme celui de la glossolalie. La glossolalie est un langage mystérieux qui s’apparente au babillement de l’enfant et qui exprime des messages divins, des réalités divines. Certains ont le don de ce langage et d’autres celui de l’interpréter. C’est peut-être cela qui s’est produit. Le langage de Dieu, qui est au-delà du langage humain ordinaire, est exprimé par les apôtres et compris par tous.

On peut aussi penser au miracle de la compréhension des langues au sens le plus terre à terre. Des hommes qui n’ont pas la même langue, qui n’ont pas appris les langues des autres et qui se parlent, se comprennent. Pourquoi pas ! Il y a tellement d’autres miracles incompréhensibles dans la bible, comme les guérisons de malades ou la multiplication des pains et des poissons. Aujourd’hui, dans certaines assemblées, ce cadeau de l’échange dans des langues diverses a lieu, grâce aux traducteurs et à la technique. Et cela est très bon !

On peut aussi aller au-delà de l’évènement de la Pentecôte lui-même. On peut dire que l’Eglise, aujourd’hui, parle et se fait comprendre dans toutes les langues, parce qu’elle est présente partout dans le monde et qu’elle parle ainsi toutes les langues, qu’elle chante en toutes les langues une même louange à Dieu et qu’elle annonce à toutes les cultures un même évangile. Le sujet n’est plus tel ou tel chrétien, tel ou tel individu, mais l’Eglise dans son ensemble, réunie comme un seul corps, comme une seule personne, dans le Christ. On trouve cette idée dans une homélie du VIème siècle à propos de la Pentecôte : « Si quelqu’un dit à l’un de nous : ‘Est-ce que tu as reçu le Saint Esprit, car tu ne parles pas toutes les langues ?’ Voici ce qu’il faut répondre : ‘Parfaitement, je parle toutes les langues. Car je suis dans ce corps du Christ, qui est l’Eglise, laquelle parle toutes les langues. » Oui, nous pouvons être fiers de l’Eglise, notre Eglise. Sous la conduite de l’Esprit Saint, elle a parcouru la surface de la terre. Elle a traversé les siècles et elle a parlé à tous les hommes. Certains de ses membres ont subi le martyre mai elle est restée fidèle à la proclamation de l’évangile, particulièrement auprès des petits et des pauvres. Certains de ses représentants ont commis des péchés, mais elle cherche à guérir les blessures en demeurant servante et en demandant le pardon. Oui, nous pouvons rendre grâce pour l’Eglise qui, dans le souffle de l’Esprit, au cours des siècles et comme au jour de la Pentecôte, témoigne de l’Amour de Dieu et partage à tous, le message de la résurrection.

On peut comprendre enfin le miracle de la Pentecôte comme la figure de l’humanité enfin réunie dans la charité grâce à l’Esprit Saint. Car l’Esprit de Dieu est amour. Il est charité, communion, réunion. Lorsqu’il souffle, il dépasse les frontières de l’Eglise. Partout dans le monde, nous voyons des hommes, des femmes, des enfants, accomplir des beaux gestes de service, des actes de vérité dans la justice et d’amour dans le don de soi. La charité efface les divisions et guérit les blessures. Elle abaisse les murs et construit des ponts. Elle fait se rencontrer et se rassembler les hommes et elle les maintient dans l’espérance d’un monde plus beau. Comme le dit saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens : tout passera en ce monde ; la seule chose qui demeurera, c’est la charité (1 Cor 13 ,8). Ainsi, la Pentecôte peut être considérée comme l’image de l’humanité et de la création qui atteignent ce à quoi elles aspirent en réalité : la réunion de toutes choses en Dieu, dans la charité.

Oui, nous pouvons rendre grâce pour ce monde nouveau, décisif, essentiel, définitif, qui est inauguré à la Pentecôte. C’est le monde de Dieu, le monde des hommes, le monde pour les hommes et pour la création, qui nous est donné d’accueillir dans le don de l’Esprit. Accueillons donc avec joie l’Esprit Saint qui nous réunit dans la charité, et laissons-nous guider par lui. Amen.