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Peuple de baptisés, marche vers Ligugé...
Messe dominicale chantée par les moines bénédictins accompagnés exceptionnellement à l’orgue par Jean Rafin, l’habituel titulaire de l’église Sainte Jeanne d’Arc à Tours. En grégorien! Un peu frustrant pour des fidèles habitués à mêler leurs voix à celles des chantres…
Au sortir de l’Abbatiale, la salle capitulaire nous accueille et le Père Joël (Père hôtelier) qui nous présente l’Abbaye Saint Martin: à bâtons (de pèlerin!) rompus, il nous retrace l’histoire du lieu. Suit une visite archéologique: entre autres, une salle aux fresques remarquablement conservées et, tout en bas, vénérable et émouvant, un dallage datant du IVe s. où, si l’on prête une oreille un peu imaginative, on entend résonner les pas de saint Martin…
La boutique aux souvenirs tient du Grand Bazar d’Istanbul: colorée, bruyante, aux mille objets divers. On s’y bouscule avant de rejoindre en hâte l’église pour assister à l’office de Sexte. Là, temps de prière, de calme et de méditation.
Joyeux pique-nique ensuite! Certains profitent du soleil et s’installent en plein air de manière un tantinet rustique. Les autres - moins hardis - prennent place à l’intérieur et à table pour un repas plus confortable. Là on échange nourriture et boissons, et aussi les premières impressions. Le temps passe vite. Il faut maintenant gagner Poitiers où l’itinéraire touristique dessine également un itinéraire spirituel, successivement le signe de l’onction et du vêtement blanc (N.-D. la Grande), le signe de l’eau (baptistère Saint-Jean), le signe de croix et la profession de foi (cathédrale Saint-Pierre).
À Notre-Dame la Grande, une heureuse surprise: le frère du curé nous attend en compagnie d’une historienne de l’art et de précieuses paires de jumelles. Captivés, nous admirons chaque détail de l’éblouissante façade, Bible et prière de pierre, tels des enfants émerveillés par les images du livre dont on tourne devant eux les pages une à une! Le baptistère Saint-Jean que nous rejoignons ensuite au terme d’une courte marche pèlerine qui tient moins de la procession que de la bande de grands gamins tout heureux de gambader ensemble, le baptistère Saint-Jean donc nous fascine à son tour. Un bâtiment extraordinaire du temps de saint Martin, construit autour du bassin baptismal octogonal où l’on «plongeait» (baptizein) les baptisés! Sur tous les murs, un décor de peintures époustouflant qu’un sympathique expert s’ingénie à nous expliquer: scènes diverses où l’on reconnaît les apôtres, saint Maurice, un dragon, Constantin… D’autres sont plus énigmatiques mais il n’est pas toujours nécessaire de comprendre pour être envoûtés. Enfin, notre pérégrination nous conduit à la Cathédrale Saint-Pierre où, après avoir entendu de vibrants commentaires sur les joyaux architecturaux et artistiques de l’édifice, nous chantons, tous réunis, l’office des vêpres avant de renouveler individuellement et symboliquement les deux signes baptismaux de l’eau et de la lumière. Le temps libre qui suit nous permet de déambuler le long des bas côtés et d’admirer à loisir les flamboyants vitraux, trésor du lieu.
Mais déjà il faut songer à rentrer. Un peu fatigués sans doute mais revigorés, ressourcés par ce long jour de partage, nous rejoignons les cars. Retour animé par les histoires (saintes) de notre curé et les plaisantes apostrophes des jeunes! Il faut bien que jeunesse se passe, que diable! Là aussi, bien entendu, façon de parler. Merci Père Bruno!
Joël Grisward
Retrouvez cet article dans le journal paroissial témoin N° 114 - Eté 2017