Homélie du diacre Jean-Michel

Christ Roi

Comme nous le dit notre archevêque, Mgr Jordy, dans son dernier message, en ce second confinement : « L’exaspération cette fois est manifeste et la colère est souvent palpable, y compris dans notre Église ».

Et c’est vrai, nous aurions des raisons en ces temps douloureux, d’être en colère.

En colère contre ceux qui ne prennent pas assez de précautions, en colère contre ceux qui nous privent de la messe, en colère contre toutes les privations de notre liberté. En colère…

Et nous aurions aussi des raisons d’avoir peur : peur du virus, peur des attentats, peur de l’autre…

Nous voici tiraillés, dispersés entre toutes ces pensées contraires.

Heureusement, ce dimanche, nous avons la chance de fêter le Christ-Roi.

Nous pouvons alors avoir la joie d’entendre notre Dieu nous dire avec Ezéchiel, qu’il va lui-même s’occuper de nous et veiller sur nous (1ère lecture)

Le Seigneur est notre Berger, avec lui nous ne manquons de rien et nous ne craignons aucun mal (psaume).

Et comment notre Dieu prend-il soin de nous ? En nous donnant son Fils.

Ce Jésus que nous sommes invités à reconnaître comme notre Roi.

Mais de quelle royauté parlons-nous ?

Quels que soient nos ressentiments, quelles que soient nos pensées sur les évènements que nous vivons, même si nous avons des idées opposées, nous savons et nous croyons, que nous nous retrouvons en Christ.

Si nous nous divisons sur telle ou telle chose, sur ce que nous devrions faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire, nous savons et nous croyons, qu’en Jésus, nous nous réunissons.

Oui vraiment, Il est notre lien essentiel, notre vie, à toi, à moi, à chacun de nous.

Alors, si de prime abord, fêter le Christ-Roi pourrait paraître étrange et bien loin de notre idéal de démocratie, nous comprenons dans ce que nous fêtons, quel est le principe de la royauté selon notre Dieu.

Le roi est le symbole de l’unité du peuple : plus encore, il fait l’unité de son peuple.

Au-delà de tout ce qui nous sépare, en laissant le Christ devenir roi de nos cœurs, nous le laissons nous réconcilier.

Nous réconcilier avec nos frères, nous réconcilier avec Dieu.

C’est bien là le sens de l’Évangile de ce jour.

Là aussi, il ne s’agit pas de séparer les hommes : ceux qui se seront mis au service de leurs frères et ceux qui ne l’auront pas fait.

Le Christ vient séparer, dans notre humanité, tous nos actes d’amour et tous nos manques d’amour.

Dans le royaume de Dieu, il n’y a de place que pour l’Amour.

Et si nous voulons y entrer, il faut laisser le Christ nous séparer de tout le mal qui nous habite.

Le laisser être roi de nos cœurs, c’est à dire le laisser prendre le pouvoir sur nos violences, nos peurs, nos colères, sur tout ce qui peut nous nuire, jusqu’à la mort.

Le Christ vient nous ajuster au projet de Dieu : nous rendre juste, nous rendre Saint.

Et notre sainteté se construit déjà lorsque nous savons prendre soin de nos frères, lorsque « nous donnons à boire à ceux qui ont soif, à manger à ceux qui ont faim », lorsque « nous visitons ceux qui sont malades ou en prison », lorsqu’à l’image de St Martin, nous prenons soin des plus fragiles, des plus petits.

Et en ces temps compliqués, il ne tient qu’à nous de poser ces actes d’amour. Les occasions ne manquent pas.

En prenant soin de nos frères, c’est Jésus lui-même qui nous partage sa royauté.

A l’invitation du Christ, exerçons donc sa royauté !

Ces dernières semaines, les lectures du dimanche nous invitaient à veiller.

Bientôt, en entrant dans l’Avent, nous serons également invités à être des veilleurs.

Aujourd’hui, le Christ nous invite à « veiller sur », sur notre prochain.

Exercer notre charité, c’est laisser le Christ devenir roi de notre cœur et de toute notre vie.

C’est laisser le Christ être notre communion.

Alors, en cet Avent qui vient, pour reprendre, là aussi, les mots de notre évêque : « Ne perdons pas l’essentiel : la communion dans la charité ». Accueillons dès aujourd’hui le Christ notre Roi !