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Paroisse St Etienne de GrandmontActualitésHomélie du père Bruno Guicheteau

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Homélie du père Bruno Guicheteau

Homélie du père Bruno Guicheteau

Homélie du 32ème Dimanche du temps ordinaire - année A

Evangile, Matthieu 25,1-13 : les vierges sages et les vierges folles.

 

On n’entre pas d’emblée dans une salle de noce. Cela ne va pas de soi. D’abord il faut y être invité. Et d’autre part, il faut être accordé avec ce qui y est célébré. Excusez-moi la comparaison : c’est comme l’entrée dans une boîte de nuit. On est contrôlé à l’entrée. Il faut « montrer patte blanche », comme on dit. Il faut être correct avec les autres. Sinon, on est exclu.

Dans la parabole racontée par Jésus suggérant l’entrée dans le Royaume de Dieu, d’une part il est bien précisé que les dix jeunes filles sont invitées : « Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux ». Et d’autre part, l’entrée n’est pas automatique. Il faut que la lampe de chaque jeune fille soit allumée et pour cela, il faut avoir prévu suffisamment d’huile pour alimenter la lampe. Une question se pose bien sûr : qu’est-ce que symbolisent la lampe et l’huile dans cette parabole ? Mais avant de répondre, il faut remarquer un autre point important que suggère cette parabole.

C’est le fait qu’il y a un moment précis qu’il ne faut pas manquer, celui où la porte de la salle de noce s’ouvre et où on est invité alors à entrer. Comme on dit : « Avant l’heure, ce n’est pas l’heure. Après l’heure, ce n’est plus l’heure. » Les cinq jeunes filles imprévoyantes ont beau revenir après coup avec, cette fois, de l’huile dans leur lampe, la porte leur reste fermée. Terrible ! Cela fait peur ! S’il n’y a qu’une seule possibilité, qu’un seul moment pour entrer dans le Royaume de Dieu et qu’on le manque, alors, c’est la catastrophe. Mais Dieu peut-il être aussi terrible ? Ne donne-t-il qu’une seule chance ? N’y aura-t-il qu’un seul moment crucial et définitif pour entrer dans le Royaume de Dieu ?

La parabole de Jésus n’évoque pas seulement ce qu’on appelle la fin des temps, c’est-à-dire ce moment unique et absolu où le Christ ressuscité viendra chercher tous les élus et les fera entrer dans la communion définitive et totale avec Dieu. Ce sera la fin du temps tel que nous le vivons, mais pour passer au Temps nouveau promis par Dieu, le « Temps » de la vie éternelle, sans mort ni mal. Ce ne sera pas le moment d’un anéantissement mais d’un accomplissement, celui des noces définitives de toute l’humanité, de l’univers et du monde avec le Seigneur. Et il faut bien le dire, cet événement sera unique et absolu. Et il faudra être prêt.

Mais cette parabole évoque aussi chaque venue cachée du Christ Sauveur dans notre histoire présente pour nous ouvrir les portes des noces et nous faire entrer dans son Royaume de paix et d’amour. Ces moments sont uniques et merveilleux. Nous les vivons actuellement ! Ils sont les moments de notre conversion possible, de notre oui à la volonté et à l’amour de Dieu. Ils ne se répètent pas en soi, puisque le courant incessant du temps qui passe ne permet pas de les faire revenir. Sauf qu’il y en a une multitude. Il y en a tout au long de notre histoire personnelle et collective. Il ne cesse pas d’y en avoir.

Dans notre temps, maintenant, l’époux, c’est-à-dire le Christ, vient et nous propose d’entrer dans son royaume. Ce sont des moments de grâce :

·        Moments de notre baptême, de l’Eucharistie, des sacrements.

·        Moments de la prière personnelle où notre conscience peut s’ouvrir à Dieu et à sa Parole.

·        Moments de témoignage et de lutte où nous pouvons affirmer notre fidélité à l’évangile.

·        Moments de demande du pardon où il nous est donné de refaire l’expérience de la miséricorde du Père.

·        Moments où notre charité est sollicitée lorsque le Christ nous fait signe à travers la présence du pauvre, du petit, de l’étranger, auxquels il s’est identifié.

·        Moments d’amour, d’amitié, d’échange avec des proches, avec les personnes que nous croisons.

Le défi, c’est alors de saisir ces moments et de répondre à l’invitation. Il faut rejeter le : « On verra plus tard ». Certes, il y aura d’autres moments plus tard. Mais si on n’a pas répondu favorablement à ces moments de grâce présents, le ferons-nous lorsqu’il en viendra plus tard ? Répondre favorablement, c’est avoir sa lampe allumée, bien alimentée par suffisamment d’huile. C’est répondre à la sollicitation du Seigneur. L’huile, n’est-ce pas l’élan, le désir qui nous porte vers le Christ et vers son Royaume ? N’est-ce pas l’amour qui nous jette dans les bras du Seigneur et de nos frères ? Et plus nous saisissons les moments de grâce qui nous sont proposés, plus cet élan vers Dieu et vers son Evangile devient fort, moins nous résistons à l’attrait du bon Dieu et de son Amour, plus notre lampe se remplit d’huile, d’Esprit Saint en réalité.

Oui, ne résistons pas à l’attrait de la sagesse du Christ et de l’amour du Bon Dieu dans les moments de grâce qui nous sont donnés, maintenant ! Amen.