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Paroisse St Etienne de GrandmontActualitésHomélie du père Bruno Guicheteau

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Homélie du père Bruno Guicheteau

Homélie du père Bruno Guicheteau : Pâques

Pâques

 

Vous connaissez la tradition qui nous vient d’Orient : le jour de Pâques, les chrétiens se communiquent les uns aux autres la Bonne Nouvelle de la résurrection du Christ. Ils s’échangent les paroles de foi : « Christ est ressuscité » - « Oui, il est vraiment ressuscité ». Et ils se donnent le baiser de paix. C’est une grande manifestation de joie, un peu, j’imagine, à la manière de ce qui s’est vécu lors des déclarations d’armistice au terme des deux premières guerres mondiales. A ce moment-là, dans les rues, on dansait, on chantait jusque tard dans la nuit. On fêtait la victoire et la fin des malheurs. Peut-être vivrons-nous ce genre de manifestation lorsque la pandémie sera derrière nous.

Mais aujourd’hui, à cause du confinement, nous ne pouvons pas partager la joie de la résurrection, sinon en famille ou en petit comité. Certains la vivent seul. Quel dommage ! Bien sûr, les réseaux sociaux et les textos peuvent nous permettre d’envoyer de nombreux messages. Mais je crains l’encombrement de nos smartphones et la saturation !... Aussi, peut-être serait-il bon de vivre cet échange avant tout avec nos proches et de bien le vivre. Surtout, il serait bon de dire comment cette Bonne Nouvelle nous touche personnellement. Et cela ne se fait pas en un court message. Comment la grâce de Jésus ressuscité, sa victoire sur la mort, m’a atteint et m’atteint encore aujourd’hui ? C’est surtout cela qu’il faut échanger. La Bonne Nouvelle du Ressuscité n’est pas une formule lancée à la légère, une déclaration théorique et impersonnelle. Certes Dieu est sauveur. Mais en quoi suis-je sauvé ?

Nous avons de bonnes raisons d’affirmer que Jésus est ressuscité. Il ne nous est pas apparu mais nous nous basons sur le témoignage des premiers disciples du Christ. Ils l’ont côtoyé durant trois années environ.  Ils l’ont vu crucifié. Ils l’ont revu vivant, le même quoique différent. Leur témoignage est sérieux. Nous nous appuyons aussi sur les paroles mêmes de Jésus. Il avait annoncé en parlant de lui : « Le Fils de l’homme ressuscitera ». Jésus est la vérité et la vie. Comment pourrait-il nous raconter des balivernes à propos de la résurrection ?

Mais c’est aussi le fait que la vie des disciples a changé qui constitue pour nous un indice de vérité à propos de la Bonne Nouvelle. On ne change pas de vie à 180 degrés sans raisons profondes, sans avoir vécu une expérience bouleversante. Les disciples avaient leur métier, leurs sécurités. Après la résurrection, ils abandonnent tout pour le service de l’Evangile, ô combien dangereux même s’il est exaltant. Ils proclament « Seigneur » un condamné à mort qui, selon la foi juive, est considéré comme maudit, rejeté par Dieu. Ils sont à rebours de leur propre tradition spirituelle, ce qui ne peut que nous surprendre à moins d’une révélation particulière. Surtout, ils avaient fait l’expérience de leur lâcheté au moment de la passion. Et, avec Jésus vivant, ils font l’expérience du pardon pour eux, un pardon qui devient le cœur de leur message : Dieu agit pour pardonner, pour sauver, pour donner sens à la vie !

Et nous, quel est notre chemin de Pâques ?  Quelle expérience avons-nous faite de l’action du Seigneur, à l’origine pour nous d’une vie plus forte que la mort ? Je me permets ici un petit témoignage. A 17 - 18 ans, j’ai traversé une profonde crise. J’avais du mal à me situer par rapport à beaucoup de choses : expérience amoureuse, limites personnelles, relations avec certaines personnes, etc. J’étais perdu ! J’aurais pu sombrer. Mais je me suis confié au Seigneur. J’ai demandé son secours. Je n’avais pas perdu la foi. L’affection de mes parents, notamment, m’a aidé. J’ai changé d’attitude sur un certain nombre de sujets. J’ai repris un chemin valorisant.

Une fois une crise passée, alors qu’on a demandé l’aide de Dieu, on peut toujours remettre en question son intervention. On peut se dire : c’est moi qui me suis repris ; c’est un tel qui m’a aidé ; j’ai eu de la chance… Tous ces facteurs jouent. Mais Dieu, lui aussi, peut agir. En tout cas, moi, je n’ai pas oublié que j’avais demandé son aide. Et puis, j’ai trouvé de plus en plus de sens dans les Evangiles. Aussi, après les études supérieures et le service militaire, aidé par mon parcours dans le scoutisme et par diverses expériences de ressourcement, j’ai pensé que je devais servir en témoignant de ma foi, que c’était cela le plus important. Aujourd’hui, comme prêtre, j’essaye d’offrir à d’autres personnes la possibilité de faire, elles aussi, l’expérience de l’amour débordant de Dieu, un amour qui sauve, qui donne sens, qui libère.

Et vous, quelle est votre expérience pascale ? Dieu n’agit-il pas dans vos vies ? La puissance de la résurrection du Christ n’intervient-elle pas ? Quel est le contenu de votre proclamation pascale ? Oui, il est bon de faire mémoire, pas seulement de ce qui s’est passé du temps de Jésus et des premiers disciples mais de ce qui se produit aujourd’hui, pour nous personnellement. Il est bon de témoigner pour les personnes que nous côtoyons de ce que Dieu vivant fait pour nous. Oui, Dieu a ressuscité son Fils Jésus et, déjà, il nous fait participer à cette résurrection, à la joie pascale. Christ est ressuscité pour nous ressusciter avec lui. Alléluia !

 

Bruno Guicheteau